Jean Planque (1910-1998)

JEAN PLANQUE est né dans une famille habitant la campagne vaudoise. Rien ne le destinait à devenir l’un de ces « hommes de l’ombre » les plus doués de sa génération, qui allait donner l’impulsion au succès de la galerie Beyeler.

C’est en 1954, que le jeune Ernst Beyeler demande à JEAN PLANQUE de l’aider à dénicher des tableaux sur le marché parisien. Pendant vingt ans, le Suisse visitera galeries, collectionneurs et ateliers à la recherche de tableaux pouvant être revendus à Bâle.

Son enthousiasme, sa manière de s’exprimer sur la peinture et son désintéressement valurent à JEAN PLANQUE la confiance de nombreux artistes, notamment celle de Jean Dubuffet et de Pablo Picasso qui, séduits par la justesse de son œil et la pertinence de ses propos, acceptèrent de collaborer avec la galerie bâloise.

A la faveur de ces rencontres, JEAN PLANQUE a réussi à réunir une collection de tableaux, sculptures et dessins qui se distingue par la cohérence et la liberté de ses choix. Désireux de faire profiter le public de son aventure exceptionnelle, JEAN PLANQUE a constitué en 1997 une fondation, dont les œuvres sont aujourd’hui déposées au Musée Granet d’Aix-en-Provence.

La chambre de Jean Planque à La Sarraz 1998

Dessin dédicacé par Pablo Picasso dans un catalogue de la galerie Leiris, 1962

Sélection d’œuvres issues de la collection de Jean Planque :

Pablo Picasso, Femme au chapeau dans un fauteuil, 1939, huile sur toile, 65 x 54 cm

« Ce matin je regardais le portrait de Dora Maar, superbe, déformée, si belle, si sensuellement belle, avec son chapeau pointu, ses seins provocants . Dieu que Picasso a aimé les femmes et les a connues toutes entières, avec tous ses sens alors à leur plénitude. »

Jean Planque, Journal inédit

Pierre Bonnard, L’escalier du Cannet, 1946, huile et crayon sur panneau de bois, 41 x 33 cm

« Et tout d’un coup, le petit Bonnard jaune, ce merveilleux paysage de la fin, tout jaune, tout lumière, tout bonheur, est un miracle. Qu’il n’y a place en lui que pour la vie heureuse. Il n’y a pas de « mort » possible dans ce tableau. Il est le paradis terrestre, pour l’homme qui passe. Il est mon paradis terrestre. »

Jean Planque, Lettre à Hans Berger, janvier 1961

Jean Dubuffet, Légende de la rue, 1963, huile sur toile, 131 x 164 cm

« Tableau-piège. Ville (vitre?) ouverte sur des trous noirs. Personnage unique en son centre. Avec une corne au milieu du front. Araignée dans sa toile, à son centre. Piégeant. Mais aussi piégée, inquiète. D’une inquiétude et d’une férocité extraordinaire d’intensité inouïe. »

Jean Planque, Journal inédit

Paul Cézanne, Environs d’Aix, vers 1902, aquarelle et mine de plomb sur papier, 48 x 59 cm

Planque rappelait avec un sourire malicieux le conseil que lui avait donné le marchand auprès de qui il souhaitait acquérir cette feuille : « Surtout n’achetez pas çà, il n’y a rien dessus… » Bien entendu, c’était précisément ce « rien » qui avait attiré l’amateur : « Seul l’esprit monte vers le signifiant symbolique, la flamme qui brûle en verticale, consume. Il ne reste que l’essence même des choses, des paysages. Et par cela […] on voit Cézanne apparaître, vivante image du serviteur de l’esprit, de l’éternel. »

Jean Planque, Journal inédit

Mark Tobey, Composition à l’or, 1960, encre, gouache, peinture à l’or sur papier, 17,2 x 24,4 cm

« A cette époque tant les œuvres de Tobey que celles de Dubuffet figuraient pour moi les espaces infinis. C’était alors le temps où l’on pensait aux voyages au-delà de la terre. Et j’imaginais que tout enfant était capable d’imaginer ces voyages et de voir ces paysages interplanétaires, sans aucune peine. Seuls les adultes ne pouvaient comprendre. »

Jean Planque, Journal inédit

Paul Klee, Ein Klang der nördlichen Flora, 1924, gouache et tempera sur toile, 28,3 x 41 cm

« L’ensemble Klee exposé ici est admirable. Rien de plus beau. Poétique, imprégné de mystère, symboles, tons des couleurs, musique, tout se trouve dans cette oeuvre. Une des plus riche qui soit au monde. »

Jean Planque, Journal inédit, à propos des oeuvres de Paul Klee exposées à la Galerie Beyeler en 1973